Autre remarque, sur le contenu, plus délicate, l'exposé était intitulé <<Faut-il se méfier de l'utilisation des statistiques en science humaines ?>>, mais l'exemple simple qui était utilisé concernait la peine de mort et se rapportait plus au savoir juridique qu'au domaine strict des sciences humaines. Cela était, en grande partie, intentionnel. En effet le principe essentiel de l'exposé était fondé sur la différence entre une approche statistique à deux variables et une approche à trois variables la troisième variable venant changer le sens de la liaison entre les deux premières. Pour rappel, la peine de mort est plus souvent appliquée aux blancs mais si on considère la couleur de la victime la peine de mort est plus souvent appliquée aux noirs. La position du juridique, de l'économique et du politique est une sorte de variable tierce par rapport à la liaison binaire entre les sciences mathématiques ou physique et la sociologie, l'anthropologie l'ethnologie ou la psychologie. Géographiquement parlant, l'exposé mettait en opposition Le Mirail et Rangueil en passant par le centre ville et l'Arsenal, institutionnellement, opposition entre Toulouse II et Toulouse III en passant par Toulouse I. Il est sûr que cela était plus facile ou moins risqué car j'évitais ainsi le risque de tomber sur le sujet de recherche de quelqu'un se trouvant dans la salle. Mais cela a aussi un rapport avec l'histoire ancienne de l'Université de Toulouse. Il faut d'abord dire que dès son origine le quartier universitaire Toulousain se trouvait plutôt dans le quartier dans lequel est située l'actuelle université Toulouse I. C'est uniquement après les événements de mai 1968 que les lettres et sciences humaines ont quitté ce quartier et se sont exilées au Mirail. L'Université a été fondé en 1229 pour éradiquer l'hérésie cathare, les premiers enseignements donnés furent des enseignements de théologie et donnés par des professeurs issus de la récente Université de Paris. L'Université au départ était à la fois un symbole de l'inféodation au dogme catholique mais aussi de l'inféodation au pouvoir de la France et de Paris. Mais très vite après sa création l'Université de Toulouse s'est orienté vers le droit et cette discipline est devenue plus importante que la théologie. Les statuts de l'Université de Toulouse se sont indexés sur ceux de l'Université de Bologne, la plus ancienne université d'Europe, créée en 1089 et lieu de <<redécouverte>> du droit romain. Le droit est resté jusqu'au début du vingtième siècle la discipline la plus importante, numériquement parlant. L'importance de la justice à Toulouse a été encore plus grande quand, en 1420, a été instauré le Parlement de Toulouse, le parlement c'était la cour royale de justice.