Le document que j'ai écrit pour cet exposé a été rédigé très
rapidement. Il a été rédigé en fonction des remarques que j'ai reçues
suite à l'exposé du 16 janvier 1998. J'avais envisagé initialement de
faire un cours <<classique>> sur la régression et les modèles
statistiques s'adressant à un public relativement averti. Le décalage
entre le public attendu et le public observé m'a conduit à une
démarche de type modélisation et à essayer autre chose. Durant l'année
universitaire 1987-1988 j'ai été assistant en mathématiques à
l'Université de Toulouse le Mirail et j'ai assuré des enseignements de
statistique à des étudiants d'histoire et géographie, j'avais préparé
pour la première séance, une présentation de l'histoire des
statistiques et du calcul. En plongeant dans ma mémoire, j'ai repris
et actualisé cet exposé pour écrire la partie historique que j'ai mise
dans ce document. Je sais très bien que public d'une telle conférence
n'est pas nécessairement constitué d'amateurs d'histoire, mais d'après
moi c'est un effort fondamental que devrait faire tout scientifique,
que de s'intéresser à l'histoire de son sujet de recherche et de sa
discipline. Faire l'histoire d'un sujet de recherche ce n'est
d'ailleurs ni plus ni moins que la première étape indispensable au
démarrage de tout travail de recherche, c'est à dire faire une
bibliographie sérieuse. Il va sans dire que cet exposé ne satisfait
aucunement à ce critère et ne peut donc être pris comme un document de
référence. Un certain nombre de considérations écrites dans ce
document sont le produit d'une réflexion superficielle et j'en ai
parfaitement conscience. Je reconnais que la rédaction de ce texte est
en partie liée à l'actualité immédiate et aux livres que je lis en
ce moment ou que je viens de lire.
Ce document ne doit pas être pris pour une introduction rigoureuse aux
statistiques et probabilités, mais plutôt comme une étape de
sensibilisation à l'intérêt de l'utilisation d'une démarche
statistique fondée sur la prise en compte du hasard. Dans le titre de
l'exposé, il y a le qualificatif de primaires et en quelque sorte
c'est ce qui convient pour décrire ce que j'ai tenté d'écrire, en
pensant à un public éloigné des mathématiques et parfois même
légèrement allergique à celles ci. Je pense que pour aller plus loin
dans la compréhension des statistiques il est indispensable de
dépasser le niveau des mathématiques que j'ai présentées ici mais
c'est hors de question de faire cela dans le cadre d'un séminaire. Ce
que j'ai écrit est plus un essai informel de sensibilisation à la
statistique, à ne donc pas prendre trop au sérieux...
Je n'ai pas mentionné, dans le séminaire du 18 Janvier, ni dans celui
d'aujourd'hui, les liens existant entre mathématiques et littérature,
quoique ces séminaires se tiennent dans une université où la
littérature est essentielle. Bien sûr on peut penser à la science
fiction, qui est un genre littéraire dans lequel la science joue un
rôle important, par définition. Un auteur comme Isaac Asimov, en plus
d'être un romancier était un scientifique et un excellent
vulgarisateur des sciences. Si la science peut intervenir dans les
romans, les romans peuvent aussi inspirer des scientifiques, certaines
idées scientifiques sont parfois apparues dans des romans
d'anticipation, on pense facilement aux romans de Jules
Verne. Certains auteurs modernes ont poussé parfois assez loin
l'introduction des mathématiques dans le roman ou dans la construction
du roman, je pense bien sûr à l'OULIPO (Ouvroir de Littérature
Potentielle) et surtout au génial Georges Perec, trop tôt disparu.
J'ai aussi un intérêt pour les romans << scientifiques>> d'Umberto
Eco, professeur de linguistique à l'université de Bologne, <<L'île du
jour d'avant>> est consacré au problème de la détermination de la
longitude, entre autres choses, <<Le pendule de Foucault>> est comme
son titre l'indique son titre consacré à un problème scientifique,
mais c'est dans <<Le nom de la rose>> que j'ai trouvé un chapitre
entier qui tourne autour d'une démarche proche de celle que je crois
être celle du statisticien, je cite ici un extrait: << Mais alors,
osai je commenter, vous êtes encore loin de la solution...
-J'en
suis très près, dit Guillaume, mais je ne sais pas de laquelle.
-Donc, vous n'avez pas une seule réponse à vos questions ?
-Adso si
tel était le cas, j'enseignerais la théologie à Paris.
-À Paris,
ils l'ont toujours, la vraie réponse ?
-Jamais, dit Guillaume, mais
ils sont très sûrs de leurs erreurs.
-Et vous, dis je avec une
infantile impertinence, vous n'en commettez jamais d'erreurs ?
-Souvent, répondit-il. Mais au lieu d'en concevoir une seule, j'en
imagine beaucoup, ainsi je ne suis l'esclave d'aucune. >>
Il va s'en dire que j'expose des idées qui sont les miennes sur la
façon de faire des mathématiques appliquées et avec lesquelles je
comprends très bien qu'on puisse être en désaccord. Au travers des
statistiques j'exprime aussi des opinions sur des aspects non
mathématiques, il va de soi que si j'ai choisi de parler, dans mon
exposé du 16 Janvier 1998, de la peine de mort cela correspond aussi à
des positions philosophiques, sociales, politiques etc. avec
lesquelles aussi je conçois facilement qu'on puisse être en désaccord.
J'accepte les critiques et j'ai cru comprendre que la structure du
séminaire ne facilite pas vraiment la discussion. Si vous avez des
critiques à faire sur les deux exposés, je vous invite vivement à me
les faire connaître. Si la peur d'être enregistré vous empêche de
vous exprimer oralement pendant le séminaire, vous pouvez utiliser les
adresses courrier et courrier électronique que j'ai mises en-tête du
document pour me les faire parvenir. J'en tiendrai compte pour un
éventuel séminaire suivant.
Je donne quelques pistes bibliographiques, mais il est évident que j'en oublie beaucoup, il est maintenant très facile, pour qui sait utiliser soigneusement Internet, de trouver des documentations sur les logiciels de statistique et même sur les méthodes, des cours entiers, je conseille la page du Laboratoire de Statistique et Probabilités http://www-sv.cict.fr/lsp/ pour commencer. Si j'ai un peu utilisé Internet pour rédiger ce document et faire quelques copier-coller j'ai aussi utilisé certains documents, non cités dans la bibliographie, mais classiques et indispensables, notamment les dictionnaires, Larousse, Robert 1 et 2, Hachette..., encyclopédie Universalis. Bien évidemment aussi je me suis inspiré des cours que j'ai vu passer depuis fort longtemps.