Bonjour.
Le 18 Janvier 2005, je suis allé au Café des Sciences de Ramonville Saint-Agne pour écouter
la conférence de Patricia Rossi dont le sujet était "Pourquoi les étudiants ne font-ils plus
d’études scientifiques ?".
Je suis très vivement intéressé par le sujet à plus d’un titre. J’ai suivi des études
scientifiques de la première année jusqu’au doctorat dans l’université Paul Sabatier de
Toulouse. À l’époque presque tout les Toulousains nommaient cela la faculté des sciences de
Rangueil ou même la nouvelle faculté de Rangueil. Je me suis spécialisé dans le domaine des
statistiques et depuis 1985 je m’intéresse plus particulièrement à l’utilisation des statistiques
dans les autres disciplines. Depuis 1988 je travaille dans le Centre Interuniversitaire de
Calcul de Toulouse (CICT), il s’agit d’un service commun des universités de Toulouse
localisé sur le campus de Rangueil mais le CICT est en contact avec l’ensemble des
établissements. Lors de la conférence j’ai constaté que je connaissais dans la salle plus
d’universitaires du Mirail (parmi lesquels la conférencière) que de l’université Paul
Sabatier.
De par ma pratique professionnelle j’ai été très souvent amené à me poser la question de
l’image des sciences et plus particulièrement des mathématiques, mais pas seulement auprès
des littéraires et des étudiants de sciences humaines, économiques et sociales. Les
mathématiques et surtout les statistiques sont très souvent utilisées dans les autres disciplines,
mais à mon avis, la différence entre l’enseignement des statistiques en sciences des structures
et de la matière (mathématiques, mécanique, physique, chimie) et dans les autres
disciplines est très importante. Les étudiants de sciences humaines utilisent souvent les
statistiques mais sans voir les liens profonds entre cette discipline et les autres parties des
mathématiques ou même la mécanique. J’ai souvent pu constater l’utilisation de
terminologie mécanique (centre de gravité, inertie) par des personnes ignorant l’origine
physique de celle-ci. Il a d’ailleurs été dit lors de la conférence que les étudiants de
psychologie étaient déroutés par la présence de l’enseignement de statistiques dans cette
filière.
Ces considérations permettent d’apporter un bémol à la baisse d’intérêt pour les sciences et
la technologie, à travers l’usage des ordinateurs et des logiciels de nombreux étudiants ont
l’impression de faire des sciences et même trop de sciences dans de nombreuses disciplines non
scientifiques ou plutôt réputées non scientifiques. L’absence d’intérêt pour les sciences, ne doit
pas se mesurer par la seule désaffection des filières scientifiques mais devrait, à mon avis,
prendre en compte le rejet des enseignement scientifiques dans les filières où ceux là sont
présents mais minoritaires.
Indépendamment de cela, je pense qu’un certains nombre de points pourraient être pris
en considérations pour expliquer le manque d’intérêt pour les filières scientifiques.
Je fréquente depuis 30 ans le campus de la faculté des sciences de Rangueil et je
trouve ce lieu assez désagréable, en tant qu’ingénieur au CICT je fréquente les autres
établissements et d’autres locaux de l’université Paul Sabatier j’ai une très mauvaise image
du 118 route de Narbonne... Dans les années 1970 le manque d’agrément du lieu
pouvait être attribué à la nouveauté, au manque d’aménagement, au manque de
crédit depuis l’université s’est replié sur elle même et les abords du campus sont
restés sans développement d’activités, cela pourrait changer à partir de 2007 avec
l’arrivée du métro, mais rien n’est moins sûr. Le campus s’est constitué au fil du temps
comme une place forte isolé de son voisinage, les services le plus élémentaires se
trouvent à une grande distance (par exemple le plus proche bureau de poste sera à
deux stations de métro) et il n’y aucune librairie scientifique dans les parages. Le
campus est sous équipé en trottoirs, quasi absents, et en pistes cyclables ; il y a certes
quelques bars à moins d’un kilomètre mais il ne s’est développé aucune vie intellectuelle
dans le voisinage. Pour beaucoup le voisinage est représenté par Ramonville et le
bar des Marins d’Eau Douce est considéré à "un jet de caillou" du campus alors
qu’il est à plus de 30 minutes de marche de celui ci. Le cloisonnement du campus
n’est pas seulement géographie et urbain il est aussi institutionnel. L’université Paul
Sabatier au cours des dernières années a effacé son passé de faculté de sciences et
faculté de médecine et elle n’a cessé d’affirmer son identité toujours plus fortement
d’université scientifique et médicale. Cela a entraîné une rivalité, une concurrence avec
les autres universités Toulousaines et un rejet marqué des disciplines absentes de
l’université. Il y avait dans les années 1970 un groupe dans la faculté de sciences intitulé
"Sciences et Société", j’ai suivi les activités de ce groupe en 1977-1978 j’étais inscrit
au diplôme "Sciences et Société", cela a disparu et plus généralement la réflexion
philosophique, historique sur les sciences a fortement baissé dans la faculté des sciences. Il me
semble qu’un débat sur la désaffection des études scientifiques tel que celui auquel j’ai
assisté serait très difficile à mettre en place sur le campus, à l’heure actuelle. Les
réunion Sciences et Société avaient lieu le soir à 21h (comme les séances du Café
des Sciences) dans des locaux qui sont désormais inaccessibles à partir de 21h...
Mais surtout il serait difficile d’y organiser des rencontres aussi pluri disciplinaires
que celles que l’on peut voir dans les cafés. J’ai l’impression qu’une étude sur la
baisse d’intérêt pour les sciences ne pourrait être menée dans l’université que par un
service ad hoc de l’université mais certainement pas par un laboratoire universitaire et
surtout pas un laboratoire d’une autre université Toulousaine. J’ai été confronté à
une situation similaire où il m’a été interdit de faire appel à des sociologues ou des
psychologues du Mirail pour interpréter une enquête effectuée pour l’université Paul
Sabatier et pour laquelle j’avais effectué les calculs. Lors de la conférence il a été
dit, par madame Gadon qu’il n’y avait pas assez de cours d’histoire des sciences à
l’université Paul Sabatier et que cela pouvait expliquer le manque d’intérêt pour
les sciences cela me semble assez juste mais je pense que la volonté d’autonomie
des universités est contraire à la mise en place d’enseignement pluridisciplinaires
intéressants.
Je pense donc que la spécialisation des universités est particulièrement mauvaise à long
terme pour l’ensemble des disciplines est je pense qu’il est plus particulièrement mauvais pour
les sciences car celles-ci sont moins présentes de manière directement sensible dans la société.
Les sciences ont une mauvaise image globale dans la société mail il me semble que les
scientifiques ont une mauvaise image à l’intérieur de l’ensemble des universités, ils apparaissent
souvent comme une élite privilégiée et arrogante.
Je pense que les campus à l’américaine sont mauvais, je partage assez largement
le point de vue d’Umberto Eco dans "la Guerre du faux" (Grasset, 1985) il écrit :
«rien ne ressemble plus à un monastère (perdu dans la campagne, clôturé, côtoyé
par des hordes barbares et étrangères, habité par des moines qui n’ont rien à voir
avec le monde et qui poursuivent leurs recherches privées) qu’un campus américain»
Le campus de Rangueil a été créé en s’inspirant des campus américain et cela a
contribué, à mon avis à créé des ghettos académiques trop détachés du reste de la
société.
Sur Toulouse la création du complexe scientifique de Rangueil a créé un zonage territorial
des activités, le sud est de la ville est devenu un quartier avec une forte densité
d’universitaires et de cadres ingénieurs travaillant dans des activités scientifiques et
technologiques. La création de zones baptisées "technopoles" semblent être la conséquence
de cette concentration d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche
dans le domaine scientifique et dans une même zone géographique. Ce phénomène
s’est accentué au cours du temps notamment avec la création de l’agrobiopole à
Auzeville, puis l’installation de l’INPT et de l’ENSIACET à Labège. Le quartier de
Rangueil est prolongée par une banlieue très peu dense qui concentre énormément de
scientifiques cela constitue à mon avis un facteur important d’éloignement de la science par
rapport à la société. Ramonville est une commune de banlieue où il y a trop de
scientifiques, la présence du café des Sciences dans cette commune renforce l’image
d’une cité résolument tournée vers les sciences cela peut sembler positif pour les
Ramonvillois ou plus généralement pour la communauté de communes nommée SICOVAL,
mais cela représente une très faible part de la population de l’agglomération et cela
contribue, à mon avis, à créer un ghetto scientifique. J’ai l’impression que l’activité
technologique et scientifique dans le sud-est de Toulouse s’est développée avec comme modèle
(plus ou moins précis) de la Silicon Valley. C’est en raison de cela que j’ai nommé
la vallée de l’Hers la "Bouducon Vallée". Mais cela me semble un mauvais point
pour rapprocher les sciences de l’ensemble de la population. De manière générale les
sciences se sont spécialisées et se sont concentrées dans des grands centres au nom de
la recherche scientifiques et cela s’est parfois fait au détriment de l’enseignement
mais cela a surtout contribué, à mon avis, à enfermer les scientifiques dans le petit
monde de la recherche en les isolant du reste du monde. Cela a aussi éloigné les
scientifiques des lieux traditionnels de diffusion du savoir auprès du grand public. À
Toulouse la faculté des sciences a quitté les allées Jules Guesde pour s’installer dans le
quartier de Rangueil, mais le muséum d’histoire naturelle est resté sur les allées Jules
Guesde et il a été assez abandonné jusqu’à sa fermeture en 1997 puis sa très récente
rénovation, sa réouverture est prévue pour 2006 ou 2007... Les musées scientifiques, les
muséums, sont des moyens de montrer la science de la vulgariser cette activité est
tombée en désuétude même si sur Toulouse il y a la Cité de l’Espace. Lors du débat
il a été question du rôle des média, du rôle de l’enseignement je pense qu’il y a
de nombreux niveaux de responsabilité dans la société. L’explosion de l’ONIA en
2001 a détruit ou abîmé de nombreux bâtiments, la réparation du Stadium et du
Zénith ont été bien plus rapides que la rénovation du Muséum, les choix des élus
locaux sont conformes aux choix collectifs, le loisir sportif, le spectacle sont bien plus
importants que la diffusion du savoir scientifique. La baisse de diffusion de la culture
scientifique dans la société est certainement à l’origine de la baisse d’intérêt pour
la science mais la baisse est difficile à analyser tant dans les média que dans les
lieux comme les musées ou les salles de conférences, les bibliothèques, etc... Je pense
qu’il y a actuellement un regain d’intérêt pour la vulgarisation scientifique et qu’il
y a beaucoup de conférences sur Toulouse, l’existence du café des Sciences est un
indicateur de ce regain mais cela me semble très faible face au déficit de culture
scientifique.
Le mode de vie évolue vers plus d’individualisme, les gens préfèrent majoritairement vivre
dans des zones où sont privilégiés les commerces de base, les activités sportives, les activités
culturelles "faciles" cela se fait souvent au détriment des lieux à valeur plus éducatives. Par
exemple, l’habitat individuel favorise la possession d’un jardin souvent assez grand par contre il
y a moins de jardins public, de manière simpliste on compare souvent la surface d’espace vert
par habitant en considérant qu’un jardin public a pour mission d’être un "poumon" ou un
espace de jeu, or les vieux jardins publics comme le Jardin des Plantes ont une valeur
éducative, les arbres sont souvent très anciens et il y a des plaques indiquant le nom et
l’origine, par ailleurs il y a des statues, des plaques commémoratives etc... Je pense que le
désintérêt global pour les sciences peut en partie être expliqué par l’évolution de
la société vers des loisirs qui privilégie le sport et le spectacle. Les enseignants de
tous les niveaux sont confrontés à des élèves ou des étudiants qui vivent dans cette
société.
En s’installant dans des campus les universités européennes ont oublié, au moins
partiellement, leurs origines. Les universités européennes ont, pour les plus anciennes, des
origines chrétiennes, celle de Toulouse a été créée par le pape pour combattre l’hérésie
Cathare. Certes les universités sont laïques et les traces religieuses de l’enseignement sont
parfois minces et non apparentes. La science occupe une place particulière par rapport aux
religions, on a longtemps opposé la science aux croyances et les religions sont habituellement
présentées comme relevant de la croyance. Il est impossible de présenter rapidement les
imbrications complexes entre les savoirs et l’opposition entre savoirs scientifiques d’un côté et
croyances religieuses d’un autre a sans doute eu un effet sur les comportements humains. La
science a longtemps été vue comme un moyen de se libérer des croyances, Galilée a
symboliquement représenté le scientifique qui dit une vérité scientifique objective face
à des accusateurs religieux obscurantistes. Darwin a eu une position similaire, sa
théorie de l’évolution a été en opposition avec la vision créationniste de la Bible. Je
pense que l’opposition aux modèles religieux a parfois agi en faveur d’une démarche
scientifique des associations comme "La Libre Pensée" ou plus nettement "L’Union
Rationaliste" représentent des courants de pensée très favorables à la science et à la
laïcité critique par rapport aux religions. 2005 est l’année du centenaire de la loi
Française sur la séparation des Églises et de l’État et cela peut permettre d’apprécier
l’évolution. J’ai l’impression que les discours de La Libre Pensée et de l’Union Rationaliste
(que j’écoute régulièrement sur France Culture le dimanche matin à 9h40, dans le
cadre de l’émission divers aspects de la pensée contemporaine) sont en décalage
avec la jeunesse actuelle. Je pense que cela est en partie explicable par la baisse très
rapide et très importante de la pratique religieuse. La plupart des jeunes n’ont aucune
culture religieuse "explicite" et l’étude des sciences ne doit plus apparaître comme
un moyen de combattre l’obscurantisme religieux ou de se libérer de l’emprise des
croyances. En mars 1998 j’ai assisté à un débat entre Jean-Marc Lévy-Leblond,
physicien et Jean-Michel Maldamé, dominicain et scientifique à l’Institut Catholique de
Toulouse sur le thème "Science et croyances". Ce fut un débat passionnant avec
une riche discussion, la salle était pleine mais il n’y avait pratiquement aucun jeune
de moins de 40 ans ! Je fréquente souvent les conférences, débats scientifiques en
ville et je constate la présence de nombreux retraités et la très faible assistance de
jeunes...
La montée de l’individualisme a un effet secondaire sur la baisse d’intérêt pour les sciences
notamment les sciences expérimentales qui nécessitent souvent un travail collectif très
important. Les accélérateurs de particules comme celui du CERN ou les grands projets
spatiaux nécessitent des implications de plusieurs centaines de personnes sur de très longues
années, le travail du scientifique est très souvent noyé dans une activité collective à très long
terme, cela rend souvent les contributions individuelles très peu remarquables (cela n’empêche
pas les prix Nobel). Cela tend à rendre les objectifs de la science peu facilement perceptibles
dans une perspective individuelle et souvent à court terme. J’ai d’ailleurs été surpris
d’entendre, lors de la conférence, que les études d’histoire voyaient augmenter leur nombre
d’étudiants, je pense qu’il faudrait affiner cette analyse, j’ai l’impression que l’histoire
contemporaine et surtout l’histoire immédiate et l’histoire de l’art se développent au
détriment de l’histoire médiévale, antique et même moderne. Les lettres modernes
subissent une baisse mais les langues anciennes, latin et grec, ont baissé depuis plus
longtemps.
En raison d’un certain nombre d’indicateurs je pense que la société actuelle est de plus en
plus tournée vers le présent, l’immédiat, l’instantané, mais c’est un vaste débat. Par ailleurs je
pense que les enseignements scientifiques sont pénalisés par un manque de perception de la
globalité et de la continuité des savoirs. Les enseignements ont eu une tendance très nette au
morcellement, la semestrialisation s’est généralisée mais il y a depuis longtemps
des certificats, des unités de valeurs, des modules, il y a une tendance lourde au
découpage en petits morceaux des enseignements et à la spécialisation de ceux ci. Certes
cela est parfois combattu mais cela tend empêcher la perception des continuités et
gêne parfois la nécessaire assimilation. Les savoirs acquis dans les premières années
d’étude universitaire sont nécessaires pour poursuivre les études non pour des rasions
administratives, mais pour comprendre le contenu des enseignements scientifiques, de
même les enseignements du secondaire (collège, lycée) et du primaire sont toujours
nécessaires. La connaissance des 4 opérations ou de la géométrie élémentaire tout
comme l’essentiel du programme scientifique du baccalauréat sont nécessaires pour
effectuer des études scientifiques. Les savoirs scientifiques doivent avoir une certaine
pérennité or il me semble que ceux là sont de plus en plus perçus comme le moyen
d’acquérir un diplôme, ou d’obtenir un droit de passage, je crains que les points
ECTS (système Européen de quantification des enseignements universitaires) ne
renforcent cet état de fait. La validation d’un enseignement certifie le passage des
épreuves et la réussite à un moment donné et elle ne garantit pas la permanence des
savoirs. Les scientifiques dans leur ensemble considèrent (au moins implicitement) que
leurs savoirs sont des constructions "historiques" longues, assez cohérentes avec une
certaine progressivité des connaissances et non comme un empilement désordonné sans
chronologie.
Les scientifiques résistent face à l’invasion du système des questions à choix multiples
(QCM) dans l’évaluation des connaissances, il me semble que ce système d’évaluation est
le symbole d’un système ou les savoirs sont découpés en petit morceaux et où la
nécessité d’établir des liaisons, des articulations entre les savoirs peut être négligée. Les
physiciens et mathématiciens se plaignent souvent de la difficulté des étudiants devant les
démonstrations et surtout les démonstrations longues, avec de nombreuses étapes
intermédiaires.
En tant que statisticien j’ai traité de nombreuses données constituées par des questionnaires (plusieurs centaines), je pense que l’étude qui a été présentée le 18 Janvier était au moins en partie construite sur un questionnaire et sans doute avec des questions à choix multiples style QCM, la société démocratique produit de nombreux questionnaires à travers les sondages mais l’exemple le plus simple de QCM est un référendum ; je pense que je pourrais écrire de très longues pages sur l’Europe et sa constitution or le prochain référendum se réduit à deux possibilités d’expression oui ou non.
Les questionnaires me semblent critiquables comme mode d’appréhension des réalités
sociales mais je ne peux pas m’étendre sur ce sujet qui correspond très fortement à mes
préoccupations professionnelles de statisticien. Si les questionnaires sont critiquables, les
entretiens permettent parfois d’approfondir les choix des questionnés mais ils ne permettent pas
toujours un recul suffisant, la réflexion longue. D’ailleurs je pense qu’il en est de de même des
débats en général et en particulier celui auquel j’ai assisté le 18 Janvier 2005. Il m’a fallu un
mois de "fermentation" pour tenter de formaliser quelques idées sur un sujet qui
comme je l’ai écrit m’intéresse beaucoup mais auquel je ne peux pas consacrer trop de
temps.
Bien évidemment de nombreux éléments pouvant expliquer le désintérêt pour les sciences ont été évoqués lors du débat. L’enseignement primaire et secondaire ont sans aucun doute un rôle très important. Je pense que le rapport sur l’enseignement rédigé par 6 mathématiciens et un physicien (Roger Balian, Jean-Michel Bismut, Alain Connes, Jean-Pierre Demailly, Laurent Lafforgue, Pierre Lelong et Jean-Pierre Serre) est très important. Ce rapport était disponible sur la page suivante :
Lors d’une conférence organisée par assosciences, le 26 Janvier 2005, salle du Sénéchal à
Toulouse, l’académicien Yves Quéré a abordé le sujet suivant "Faut-il craindre la science ?"
d’après le conférencier le rôle des sciences dans les deux dernières guerres mondiales
ont contribué à diaboliser les sciences, gaz chimiques pendant la première bombe
atomique pendant la deuxième étant symboliques mais pas uniques. Il serait possible
de lier un certain déclin des sciences avec la pacification, au moins dans certains
pays.
Parmi les raisons les plus fréquemment avancées pour expliquer le déclin d’intérêt pour les
études scientifiques figurent l’absence de gratifications ou plutôt la baisse de celles ci. Les
scientifiques sont relativement moins bien payés que naguère et leur statut social, leur
notoriété ont aussi baissé. Je pense qu’il y a généralement une surestimation des motivations
matérielles dans les choix de carrière.
Je pense que le goût pour les sciences, tout comme pour la littérature ou la musique dépend
du plaisir qu’elles peuvent procurer. Il me semble que les dimensions ludiques des activités
scientifiques sont souvent négligées ou caricaturées, les jeux ne s’opposent pas de manière
simple aux activités sérieuses. Des jeux comme les échecs ou le jeu de go ont des liens avec
des activité scientifiques, et la partie des mathématiques dans laquelle je me suis
spécialisé (les probabilités et statistiques) a un rapport évident avec des jeux de
hasard.
Ma participation à de nombreuses conférences de vulgarisation scientifique ou de débats sur
les sciences n’est motivée que par une certaine curiosité intellectuelle. Il m’arrive
parfois d’écrire quelques réflexions désordonnées, déstructurées uniquement pour le
plaisir.
En espérant ne pas trop vous importuner avec mes digressions.
Très cordialement
Joseph Saint Pierre